En plein essor, et surtout omniprésente dans la sphère technologique, l’Intelligence Artificielle a le potentiel de transformer de nombreux aspects de notre société, y compris le monde du travail.

Notamment depuis le succès sans précèdent de ChatGPT (outil conversationnel automatisé basé sur le langage naturel qui utilise l’IA), lancé en novembre dernier. En deux mois seulement après son lancement, ChatGPT à atteins les 100 millions d’utilisateurs, toutes catégories confondues, grâce à son interface facile et intuitive d’utilisation.

Certes, cet outil est venu révolutionner l’utilisation de l’Intelligence Artificielle dans la vie quotidienne de chacun, mais il a aussi et surtout diviser les opinions quant à ses répercussions finales dans le monde du travail.

En effet, beaucoup s’interroge sur l’impact que l’IA aura sur l’emploi et l’économie. Alors que certaines personnes craignent que l’IA ne provoque un chômage de masse, d’autres soutiennent qu’elle peut en réalité augmenter la productivité. Pour aller encore plus loin dans le questionnement, l’IA va-t-elle accentuer les inégalités, ou pire, donner encore plus de puissance et de contrôle aux GAFA ?  Il est donc intéressant d’observer ces différentes perspectives et tenter de comprendre quel impact l’IA pourrait réellement avoir sur l’emploi et notre économie, et quel avenir nous réserve-t-il.

Afin d’analyser si oui ou non l’IA joue un rôle dans l’augmentation de notre productivité, provoque un chômage de masse, ou amplifie la puissance des GAFA nous allons baser notre raisonnement sur une étude réalisée cette année par les chercheurs d’OpenAI et de l’Université de Pennsylvanie qui évalue les conséquences de ChatGPT sur l’emploi.

Cette étude a été réalisé sur plus de 1000 professions aux États-Unis découpé en plusieurs tâches sur la base du dernier outil de OpenAI, GPT-4. Elle démontre que dans 80% des professions, 10% des tâches des travailleurs seront remplacé par l’IA, et pour 19% des autres métiers, le nombres de tâches impactées par l’IA grimpe à 50%.

Ce qui ressort de manière apparente est la nature des métiers menacés par l’IA générative. Sans grande surprise, ce sont les emplois intellectuels, les métiers pour lesquels l’utilisation de logiciels informatiques est centrale, et souvent à haut revenus qui risquent d’être considérablement impactés. Impactés certes, mais de manière positive dans la productivité, car les emplois nécessitant des capacités de rédaction et de programmation pourraient connaître d’importantes évolutions grâce à l’utilisation de l’IA.

En revanche, les métiers liés directement à la science, à l’esprit critique, et qui reposent sur la main d’œuvre devraient connaître un impact minime avec l’intégration de l’Intelligence Artificielle.

L’étude partage une liste non exhaustive des métiers qui sont le plus sujets à être impactés mais aussi le plus susceptibles d’évoluer avec l’intégration de l’IA.

  • Spécialiste des relations publiques
  • Sondeur
  • Secrétaire juridique
  • Poète, parolier ou auteur créatif
  • Mathématicien
  • Interprète, traducteur
  • Ingénieur
  • Gestionnaire de données
  • Écrivain
  • Correcteur d’épreuves
  • Concepteur d’interfaces web et numériques
  • Comptable
  • Assistant administratif
  • Journaliste

A l’inverse, l’étude nomme également les emplois qui ne devraient pas être impacté par l’intégration de l’IA. On retrouve notamment des métiers plutôt physiques comme tailleur de pierre, conducteur d’engins, athlète, plombier, carreleur, mécanicien, cuisiner etc…

Les résultats de l’étude démontrent que en effet, les ingénieurs peuvent coder jusqu’à deux fois plus vite en utilisant un outil appelé Codex, dérivé du Langage Model GPT-3. De nombreuses tâches d’écriture peuvent également être effectuées deux fois plus vite grâce à l’IA générative. Pour ce qui est des économistes, sur une base de 25 cas d’usages, ils peuvent être 10 à 20% plus productifs en utilisant les Langage Model de l’IA. De même pour les consultants, grâce à l’utilisation de l’IA, ils arrivent à accomplir 12,2% de tâches en plus en moyenne, et ont terminé les tâches 25,1% plus rapidement, avec des résultats 40% fois supérieurs.

Prenons cet exemple d’un professeur américain qui a réussi à réussi à réduire plusieurs jours de travail en 30 minutes, en utilisant l’IA pour créer un site web, une campagne e-mail, un logo, un visuel, une vidéo, des campagnes social media.

Si les employés d’un secteur deviennent plus productifs avec l’intégration de l’IA, cela signifie dans une économie concurrentielle que soit le coût de production d’un bien ou d’un service diminue et sera donc vendu moins cher à qualité égale. Soit proposer un meilleur rapport qualité prix. Ou mieux, un mélange des deux. Dans les deux cas, pour les consommateurs c’est gagné !

Malgré son avancée sans précédents, l’IA reste fragmentaire, avec de nombreux inconvénients à corriger. Une intervention humaine est souvent nécessaire pour vérifier la fiabilité du contenu produit par l’outil. L’accomplissement d’une tâche est plus facile par l’IA lorsqu’elle est décomposée en sous-tâches, avec certaines plus automatisables que d’autres.

Ainsi, il est donc pas dit que le progrès technique doit nécessairement détruire des emplois. Tant que l’IA ne peut pas remplacer l’humain entièrement, et que toutes les tâches ne sont pas encore automatisables, l’emploi pourrait peut-être même augmenter dans certains secteurs. L’exemple typique est celui des distributeurs de billets, qui, loin de détruire des emplois en banque, en ont en fait créé de nombreux avec l’ouverture de différentes agences. Grâce aux machines qui comptent les espèces ils ont pu se concentrer davantage sur la relation client et la vente de carte de crédit.

Faisons abstraction un instant des bienfaits du progrès technique pour les consommateurs. Si on se concentre sur un volet important de l’emploi, les entreprises de la tech ont contribués activement à accroître les inégalités salariales et à affaiblir la classe moyenne.

Dans une époque où l’ère industrielle et le progrès technique avait largement contribué à la formation d’une classe moyenne solide, la révolution informatique, elle semble avoir conduit à une polarisation des emplois, affaiblissant la classe moyenne. Les tâches répétitives et manuelles et mal payés ont été remplacés, pendant que les employés qualifiés sont mieux rémunérés.

En ce qui concerne le monopole par les géants du web, force est de constater que l’écosystème est en plein développement.

Alors que Google et OpenAI semblent dominer le domaine de l’intelligence artificielle, plusieurs startups et d’initiatives de création en open-source émergent.

OpenAI avait été créée en 2015 pour contrer justement le supposé monopole de Google sur l’IA. Depuis, des cadres d’OpenAI sont partis en 2021 monter Anthropic, qui a levé 1.45 milliards de dollars à ce jour, et dont le chatbot Claude vient de dépasser celui d’OpenAI en mémoire contextuelle.

Les géants de la tech se font concurrence entre eux et créent des ponts avec certaines startups : via des investissements, comme Microsoft avec OpenAI, Google avec Anthropic AI, ou des partenariats, comme AWS d’Amazon qui permet à ses utilisateurs d’accéder aux Large Langage Model. Ainsi, même si OpenAI fait la course en tête, il semble qu’on est très loin d’une situation de monopole.

Finalement, avec les régulations mises en place sur l’Intelligence Artificielle, de nouvelles barrières sont venues confrontés ces géants du web et freiner l’innovation. Plusieurs raisons de penser qu’il sera difficile pour ces entreprises de créer un monopole sur le secteur.

 

Il est important de noter que l’impact de l’IA sur l’emploi dépendra en grande partie de la manière dont nous l’adoptons et l’intégrons dans notre société. Si nous utilisons l’IA comme un outil pour améliorer les processus existants et renforcer les compétences humaines, il est possible que cela conduise à une augmentation de la productivité et à la création de nouveaux emplois.

Cependant, si nous adoptons l’IA de manière irresponsable, en remplaçant simplement les travailleurs humains par des machines sans prendre en compte les conséquences sociales, cela pourrait en effet entraîner un chômage de masse, ou pire. Il est donc essentiel que les gouvernements, les entreprises et les individus travaillent ensemble pour développer des politiques et des stratégies qui favorisent une transition en douceur vers une économie basée sur l’IA.

L’impact de l’Intelligence Artificielle sur l’emploi dépendra de notre capacité à l’adopter de manière responsable et à la mettre au service de l’amélioration de la société. Il est essentiel de développer des politiques et des stratégies qui encouragent une utilisation éthique de l’IA et qui permettent aux travailleurs de s’adapter aux changements technologiques. De cette manière, nous pourrons exploiter tout le potentiel de l’IA pour améliorer notre productivité tout en préservant les emplois et le bien-être des individus.